Plan B : «Je dois mon succès aux Spice Girls »

Le Figaro

Plan B. (Photo : Warner)
Plan B. (Photo : Warner) 
 
En se mettant à chanter, le rappeur anglais a décroché un des plus beaux succès de l'année.
 
Son premier album n'avait pas eu un grand retentissement. Distingué au sein de la production hip-hop britannique, l'essai inaugural de Plan B ne lui avait pas permis de sortir de l'île. C'est avec The Defamation of Strickland Banks, son deuxième disque, que le nouveau venu a atteint le stade de révélation. À peine paru, au printemps, l'album devenait numéro un en Angleterre. « J'ai travaillé dur pour cela, expliquait alors Ben Drew, alias Plan B. Il s'agissait de faire le bon disque au bon moment. S'il y avait eu un gros disque au même moment, j'aurais été éclipsé. Par chance, il n'y avait pas de compétition en face de moi. » Le succès, le jeune homme était persuadé qu'il lui tomberait dessus. C'est après avoir commencé à composer des morceaux plus mélodiques, et à abandonner la scansion du rap pour le chant, que Plan B y a accédé. « Ce succès m'a surtout rendu plus tranquille. Je peux enfin donner de l'argent à ma mère, qui en a bavé de longues années. Je lui ai toujours dit que j'y arriverais. Je suis ravi que cela se soit passé de cette façon. Je ne vais pas perdre la tête. »  C'est en réaction à la pop diffusée massivement sur les ondes que Ben Drew a commencé à se mettre à la musique, à l'adolescence. « Take That et les Spice Girls sont indirectement responsables de mon succès, dit-il sans esquisser un sourire. Je détestais tellement leur musique et leurs textes que cela m'a déterminé à décrocher un succès à mon tour. Mes chansons sont meilleures que ces titres pop avec lesquelles j'ai grandi. Sans doute parce qu'elles sont vraies. » C'est sous l'influence de ses jeunes filles au pair qu'il a été exposé aux sons de Cypress Hill ou Portishead, qui lui ont transmis leur exigence. Les inflexions soul de sa voix trahissent également l'étude assidue des morceaux de Michael Jackson, qui constitue une influence déterminante chez lui. Prophète en son pays, Plan B a une belle cote dans notre pays. Il entend continuer à suivre un parcours bien à lui, quitte à changer de style en cours de route. « Je sais déjà la musique que j'aurai envie de faire quand j'aurai passé le cap de la quarantaine », affirme-t-il . On ferait bien de le croire.

La soul aux Yeux Bleus : invention britannique

Les Anglais ont commencé à produire leur propre déclinaison de la soul noire américaine dès les années 1960, sous l'influence des labels Stax et Motown. Les plus dignes représentants de cette scène sont Dusty Springfield, Steve Winwood ou les Small Faces. En 1975, Bowie lui-même s'y mit sur Young Americans, adoptant le son en vigueur à Philadelphie. Plus récemment, Amy Winehouse ou Duffy ont décliné la formule, que Plan B utilise à son tour avec une éclatante réussite.

Plan B - Welcome To Hell - The Defamation of Strickland Banks